Le médecin des indigents qui défiait la Sécurité sociale
Le médecin des indigents qui défiait la Sécurité sociale
Le procès du docteur Didier Poupardin a lieu ce mercredi devant le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Créteil. Ce médecin est poursuivi par l'assurance maladie parce qu'il fait systématiquement bénéficier ses malades chroniques de remboursements à 100%.
Il lui est reproché un préjudice de 2.612 euros. Le docteur Didier Poupardin, "médecin des indigents", est poursuivi par l'assurance maladie parce qu'il fait systématiquement bénéficier ses malades chroniques de remboursements à 100%. Son affaire est examinée ce mercredi par le Tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) au Palais de justice. Grande barbe blanche et petites lunettes rondes, le médecin généraliste de 66 ans, qui exerçait dans un quartier populaire de Vitry-sur-Seine -il a pris sa retraite en 2011, en raison, dit-il, du "harcèlement" dont il était l'objet- défie l'assurance maladie et mène "un combat pour une santé égalitaire et accessible" et est engagé par ailleurs dans d'autres combats politiques. Il a refusé toutes les décisions de l'assurance maladie consistant à ne rembourser uniquement à 100% que les traitements directement liés aux affections de longue durée (ALD, cancer, diabète, asthme, etc...).
"Découper le corps humain en morceaux" Les prescriptions pour ces malades se font sur des ordonnances dites "bizones", où sont inscrits en haut les médicaments concernant leur maladie et, en bas, d'éventuels autres remèdes pour traiter d'autres affections et qui ne seront remboursés qu'au taux auquel sont soumis les autres assurés sociaux. D'un point de vue médical le Dr Poupardin estime qu'on ne peut ainsi "découper le corps humain en morceaux" et qu'il y a des interactions entre les affections (Voir le site du docteur Didier Poupardin). D'un point de vue social, il fait valoir que les patients démunis risquent de ne pas prendre, pour des raisons financières, les traitements moins bien remboursés.
La caisse primaire d'assurance maladie de Créteil estime non conformes des ordonnances délivrées à 51 patients entre avril 2007 et mars 2008 et évalue le préjudice pour la Sécu à 2.612 euros. Elle réclame en sus une pénalité de 4.000 euros. Ce genre de contentieux, a expliqué son épouse, Danièle Ducas-Poupardin, elle-même généraliste retraitée, se négocie habituellement entre le médecin et la caisse. Mais son mari en fait une affaire de principe. La sénatrice communiste Laurence Cohen a proposé d'envoyer un courrier à la ministre de la Santé Marisol Touraine afin d'avoir une réponse avant le procès. Un précédent courrier du comité de soutien est resté sans réponse.