Les Français consomment trop de médicaments inutiles
"Les Français consomment trop de médicaments inutiles"
On pourrait "sans dommage" diviser par quatre le nombre des médicaments consommés par les Français, estiment des professeurs de médecine parisiens dimanche dans le JDD.
"Les Français consomment trop de médicaments inutiles et exagérément coûteux. Sans dommage, on pourrait diviser leur nombre par quatre, passant de 4.000 à 1. 000 médicaments. La responsabilité est partagée entre les industriels, l'Etat, et les prescripteurs", jugent dimanche dans le JDD les professeurs Jean-François Bergmann (interniste, hôpital Lariboisière), Alain Gaudric (opthalmologiste, hôpital Lariboisière), Eric Thervet (néphrologue, hôpital Pompidou), François Chast (pharmacien des hôpitaux Hôtel Dieu) et André Grimaldi (diabétologue, hôpital de la Pitié-Salpêtrière).
Les signataires de cet appel, intitulé "Pour une autre politique du médicament", exhortent ainsi l'Etat à "programmer la publication rapide d'un livre blanc des médicaments pour aider les médecins à prescrire mieux et moins et éclairer le grand public". "Un tel formulaire national de thérapeutique existe déjà au Royaume-Uni et en Belgique. Il cible, pathologie par pathologie, les médicaments indispensables, les médicaments éventuellement utiles et ceux qui ne servent à rien. L'absence d'un livre de référence laisse la place à des guides rédigés sans rigueur et contenant de nombreuses erreurs", écrivent-ils.
Le guide des médicaments est "excessif et approximatif" Les signataires visent le "Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux" du Pr Philippe Even et du Pr Bernard Debré, grand succès en librairie depuis sa publication à la rentrée. "Bien qu'excessif et approximatif, (ce guide) s'appuie sur un constat juste: les médecins prescrivent trop de médicaments, les Français en consomment trop. Mais ce livre, truffé d'erreurs, ne peut pas être considéré comme un guide d'information objectif", affirme Jean-François Bergmann dans une interview au JDD. "Si ses recommandations étaient appliquées, ce seraient des milliers de morts chaque année!", assure le médecin, également vice-président de la commission d'autorisation de mise sur le marché à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
L'appel lancé avec ses collègues est selon lui un moyen d'"exiger des pouvoirs publics la publication d'un répertoire officiel, destiné à la fois aux médecins et aux patients, recensant les 600 à 1.000 médicaments vraiment utiles" pour permettre "de faire le tri parmi les milliers de produits aujourd'hui sur le marché." Le texte juge aussi nécessaire de "revoir la politique du prix des médicaments". "C'est aujourd'hui une procédure opaque qui fait l'objet de négociations secrètes avec les laboratoires pharmaceutiques", dénoncent les signataires, qui s'interrogent notamment sur "la prescription de médicaments nouveaux et plus chers à la place de médicaments déjà disponibles moins chers et aussi efficaces" ou encore sur le "coût des génériques en France, très supérieur au coût moyen sur le marché européen".